À l’approche de la rentrée, abordons la Danse Improvisation, une technique que j’ai découvert en 2006 à Londres, lors de ma troisième année d’études au Laban Centre et que j’enseigne depuis plusieurs années.
Kirstie Simson la grande improvisatrice m’écrivait il y a encore quelques mois : « la Danse Improvisation est le futur ».
Il est parfois difficile d’expliquer pourquoi mon ressenti est identique mais peut-être qu’un petit retour dans le temps aiderait à définir les contours de cette pratique passionnante et sans cesse réinventée.
À la fin des années 60, il n’y eut pas que le grondement politique et les mouvements sociaux qui émergèrent. La révolution culturelle était aussi en marche. De la musique, aux arts plastiques et visuels, à la performance, au théâtre, etc il y eut de grands bouleversements et des prises de positions radicales qui engagèrent l’art et la culture vers de nouveaux horizons.
By Stephen Petergorsky – Stephen Petegorsky archives, FAL,
Steve Paxton, Trisha Brown, Yvonne Rainer, Deborah Hay, Meredith Monk, etc. fondèrent le groupe contestataire de performance dansée « Judson Dance Theater » en 1962.
Par la suite, chacun développa sa propre approche. Steve Paxton initia la danse Contact Improvisation avec plusieurs acolytes, Trisha Brown créa son propre répertoire (son style est souvent appelé « release technique »), Yvonne Rainer s’intéressa à contrer les conventions esthétiques, Meredith Monk mélangea la voix, le mouvement, le théâtre pour des résultats surprenants mais superbes, etc. .
Les artistes plasticiens et musiciens s’en mêlèrent, comme Robert Rauschenberg, John Cage, etc. .
De même, de nouvelles formes d’analyse du mouvement, comme le Body Mind Centering, trouvèrent aussi du soutien et de l’intérêt auprès des danseurs, telles que Nancy Stark Smith et Lisa Nelson, toutes deux performers et professeurs exceptionnelles.
La génération qui suivit, Kirstie Simson, Charlie Morrissey, Michael Schumacher, Julyen Hamilton et bien d’autres, continua de développer l’héritage de Paxton et l’amena vers de nouvelles expérimentations.
Aujourd’hui un grand nombre de danseurs et chorégraphes utilisent l’improvisation comme moteur de création ou tout simplement comme un nouvel outil pour créer du mouvement.
Les possibilités sont infinies.
William Forsythe a utilisé la méthode Laban pour son propre travail chorégraphique, l’extraverti David Zambrano en est friand pour la performance, Matthieu Gaudeau y mêle la technique Alexander, les jeunes chorégraphes y trouvent aussi une manière de s’exprimer plus spontanée (bien qu’extrêmement précise). Les écoles, universités, centres spécialisés proposent des cours, des ateliers pour les élèves, les amateurs, les entreprises, etc.
Alors pourquoi ?
Dans un monde où tout est sans cesse contrôlé, pré-digéré et socialement et intellectuellement étroit, il est possible d’aborder son corps, ses mouvements, sa créativité, sa conscience et son rapport avec les autres de manière plus libre, joyeuse et confiante.
La pratique de la Danse Improvisation est ouverte à tous, peu importe votre morphologie, expérience ou âge.
Avis à tous ceux qui souhaitent se joindre à nous à partir de cette saison prochaine : vous êtes les bienvenus !
À bientôt,
Julia