Mercredi 12 décembre, ArtVallée s’est rendu au centre Bonlieu à Annecy pour assister à la pièce du chorégraphe belgo-burkinabè Serge Aimé Coulibaly, créée pour le festival d’Avignon sur une musique du nigérian Fela Kuti.
Alors, verdict ? Très honnêtement, on en attendait un peu plus du génial danseur-performeur-chorégraphe passé par les compagnies de Sidi Larbi Cherkaoui et Alain Platel. D’où vient le léger sentiment de déception qui survient dès la scène finale, où les danseuses sont portées par les danseurs, au milieu du public ?
La construction de la pièce d’abord. Quarante-cinq minutes de danse pure en première partie finit par dénuer la performance de son propos, qui devient alors trop appuyé et sans réelle évolution.
Bien sûr, les danseurs sont superbes, les mouvements recherchés et le décor envoutant. Néanmoins, et ce malgré la construction chorégraphique complexe, l’on se demande pourquoi l’ensemble reste si superficiel. Chaque danseur est mis en avant mais leur personnalité n’est pas vraiment exploitée. Leur charisme est mis au service de la pièce mais ne provoque pas d’émotion durable. On aurait envie de les connaître davantage, de comprendre leurs motivations.
La seconde partie, plus théâtrale et plus enlevée semble faire naître un début de sentiment d’exaltation, qui met en exergue le talent de Serge Aimé Coulibaly le perfomer, visage a demi peint, qui parle et rit de de manière hystérique dans un micro placé au milieu de la scène. Le moment est fort et puissant. L’ambiance « boîte de nuit » qui nous est montrée propose quelques idées de scénographie intéressantes, mais qui restent malheureusement trop peu nombreuses pour provoquer chez le spectateur une étincelle émotionnelle.
L’on peut imaginer que les ambitions de l’artiste sont à la fois poétiques et révolutionnaires. Et si à certains moments, le but est atteint, cela ne suffit pas à transformer une intention en brûlot politique.
Pour cela, il faut se replonger dans le travail des Ballets C de la B des années 90 pour comprendre la passion parfois brutale et sans concession qui animait alors le collectif transgressif belge de l’époque. Un désir profond de prendre des risques, de naviguer à contre courant, de s’adresser au public de manière non conventionnelle qui rendait au spectacle vivant toute son envergure politique.
Liens vers d’autres articles :
https://sortir.telerama.fr/evenements/spectacles/serge-aime-coulibaly-kalakuta-republik,n4861734.php